Séances adaptées : pratiquer le Pilates malgré une maladie neurodégénérative

Pratiquer le Pilates en présence d’une maladie neurodégénérative comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson soulève des défis importants, je le vois régulièrement au sein de ma pratique à Genève. Il ne s’agit pas seulement d’adapter les exercices, mais également de prendre en compte les limitations individuelles, les risques liés à la perte d’équilibre ou de force, et la progression des symptômes. L’accompagnement par un professionnel formé à la méthode et à la prise en charge de pathologies neurologiques est essentiel. Cette démarche vise à préserver la mobilité, l’autonomie et le bien-être tout en limitant les risques.

Les fondamentaux de l’adaptation du Pilates

L’adaptation du Pilates pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives s’appuie sur plusieurs fondamentaux permettant d’assurer la sécurité et l’efficacité de la pratique. Il s’agit d’intégrer, dès la conception du programme, la variabilité des symptômes, les capacités motrices réduites et le risque de déconditionnement physique. L’approche individualisée est primordiale : chaque séance doit être personnalisée selon les stades évolutifs de la maladie, le degré de fatigue et les antécédents du patient.

Les axes majeurs d’adaptation

  • Renforcement musculaire ciblé et progressif : Les exercices doivent toujours être réalisés lentement, sous supervision, en privilégiant le travail des muscles profonds et de la posture (tronc, bassin, sangle abdominale).
  • Travail de l’équilibre et de la coordination : Chaque séance intègre des exercices adaptés visant à améliorer l’équilibre, la proprioception et la mobilité articulaire, limitant ainsi le risque de chute ou de blocage moteur.
  • Respiration consciente et stabilisation du « centre » : Le Pilates prend en compte le contrôle respiratoire, outil essentiel pour le maintien de l’endurance, la gestion du stress et la stabilisation du « powerhouse » (muscles du plancher pelvien, abdominaux, spinaux, diaphragme).
  • Étirements avant et après chaque séance : Cette routine permet d’entretenir la souplesse articulaire, de diminuer la rigidité musculaire et d’accompagner la récupération.
  • Encadrement professionnel obligatoirement présent : Un coach certifié ou kinésithérapeute spécialisé ajuste en temps réel les consignes, les postures et les charges de travail, garantissant la sécurité et l’efficacité.
  • Réévaluation régulière et objectif sur mesure : Les objectifs de la pratique évoluent selon les capacités du patient, la progression des symptômes et les examens cliniques, avec un grand respect du ressenti et de la fatigue.

Seul un accompagnement expert permet de bénéficier pleinement des effets du Pilates tout en limitant les risques. Ce cadre rassurant aide à surmonter les peurs liées au mouvement et favorise la motivation à long terme.

La méthode Pilates devient ainsi une réelle alternative thérapeutique, intégrée aux parcours rééducatifs pluridisciplinaires, et offre une réponse personnalisée au besoin de maintien de la mobilité, de l’équilibre et du bien-être psycho-social.

Les bénéfices avérés des séances adaptées (notamment à Genève)

Les bénéfices avérés des séances de Pilates adaptées pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives sont multiples et reconnus par plusieurs études cliniques.

  • Amélioration de la mobilité et de l’équilibre : l’intégration régulière d’exercices adaptés permet d’augmenter le contrôle moteur et de limiter le risque de chute. Ce point est particulièrement crucial, la maladie de Parkinson étant la seconde cause de handicap moteur adulte en Suisse, et le Pilates favorise la coordination, la proprioception et le tonus postural.
  • Effet protecteur et ralentissement de la dégradation : la pratique hebdomadaire ou bi-hebdomadaire sur plusieurs semaines a montré son efficacité pour ralentir l’évolution des symptômes moteurs et cognitifs chez les personnes touchées par Parkinson ou Alzheimer. L’oxygénation cérébrale liée à l’activité physique et une respiration Pilates stimule la mémoire, la vigilance et l’attention ; elle permet de préserver la substance blanche, grise ou noire du cerveau, retardant la perte d’autonomie. L’OMS recommande d’ailleurs 150 minutes d’activité physique modérée par semaine pour maintenir l’autonomie et limiter la dépendance, même chez les seniors.
  • Renforcement psycho-social et bien-être : au-delà de l’aspect physique, les séances en groupe ou individuelles sous la houlette d’un professionnel participent à restaurer la confiance et à rompre l’isolement social souvent rencontré dans les maladies évolutives. Ces résultats ne sont atteints que par un programme adapté, construit et ajusté.

Enfin, les bienfaits du Pilates ne concernent pas uniquement la motricité, mais aussi la mémoire procédurale, la mémorisation et la perception sensorielle. Au fil des séances, on observe un renforcement des piliers de l’autonomie : renforcement, souplesse, équilibre et la mémorisation.

Côté précautions, il est indispensable de débuter toute nouvelle routine sous la supervision d’un.e professeur.e Pilates certifié.e et spécialisé.e dans le suivi des personnes en situation d’handicap physique ou neurologique. J’ai souvent l’occasion de questionner mes patientes sur leur suivi à côté des séances, et je réalise que certaines sont mal conseillées. Souligner ce point permet de rappeler que les exercices doivent être réalisés sans forcer, en respectant la fatigue et les limitations du patient, afin d’éviter les blessures. La progression doit être douce et ajustée, avec une attention constante à l’alignement du bassin et à la respiration.

La sécurité repose sur :

  • Un échauffement systématique avant la séance.
  • Un ajustement régulier des consignes, mouvements et accessoires selon les symptômes du jour.
  • L’accompagnement par un professionnel expert de la pathologie et de la méthode Pilates, garantissant une pratique sereine et efficace.

Le Pilates adapté constitue une opportunité unique d’agir sur la mobilité, l’autonomie et le moral des personnes touchées par une maladie neurodégénérative. Sa pratique doit impérativement s’accompagner d’une supervision professionnelle pour garantir une exécution correcte des mouvements et répondre aux besoins évolutifs du patient. Il ne s’agit pas de suivre une routine standard, mais de co-construire un programme sur mesure avec l’aide d’un prestataire qualifié, apte à écouter et à accompagner. L’essentiel est d’oser s’engager dans une démarche encadrée. Si vous souhaitez en savoir davantage, je reste à votre écoute.